Curbelets de Mémé

En langue occitane, « curbelet » désigne un petit gâteau, une sorte de gauffre ronde et mince que l’on roule comme un cigare.
Bien prononcer curbélétsss
Les plus connus sont les curbelets de Cordes-sur-ciel dans le Tarn (81).
Dans la famille SOULIÈS, boulanger à Donzac (82), on faisait des curbelets ou plutôt des « crubelets » comme on les appelle chez nous avec cette apparente dyslexie familliale.

En voici donc la recette telle qu’elle figure dans les carnets de Tato et Mamé.

Ingrédients

  • farine x 1 kg
  • oeufs moyens x 5
  • sucre x 500 g
  • beurre fondu x 250 g
  • parfum citron
  • un moule à curbelet
  • un bon feu dans la cheminée

Opérations

Mélanger les ingrédients pour obtenir une pâte à gaufre (ajouter du lait ne nuit pas).
Chauffer le moule au feu de la cheminée. Ouvrir le moule et y verser de la pâte. Continuer la cuisson à la flamme.
Retirer du moule et rouler.

J’ai aménager depuis cette recette en mettant 6 oeufs au lieu de 5 et en ajoutant 20 cl de lait et de la levure. A vous d’essayer et de choisir.

Et une autre recette sur le net

Les curbelets se préparent dans la cheminée au coin du feu.
Les ingrédients : farine, œufs, sucre, sucre vanillé, rhum, lait et armagnac bien sûr !
Dans un plat creux mettre tous les ingrédients excepté le lait, bien remuer le tout jusqu’à complète absorption de la farine.
Ajouter le lait en remuant toujours jusqu’à avoir une pâte bien lisse et un peu plus épaisse qu’une pâte a crêpes.
On se sert d’un appareil à curbelets qui se compose de deux plaques en fonte forgées, comme un appareil à gaufre, réunies par un long manche pour aller sur le feu dans la cheminée et qui agit comme une pince.
Etaler la pâte avec une louche entre les deux plaques bien serrer mettre sur le feu en le retournant plusieurs fois.
Retirer le curbelet des plaques, le rouler tant qu’il est encore bien chaud et attendre qu’il soit bien froid pour le déguster. Comme on ne rajoute pas de sucre, bien sucrer la pâte au départ.

La légende du curbelet

Lorsque le maure occupait le piton rocheux cordais, lorsque de toutes parts les forêts couvraient le pays et que le bûcheron humble et frugal, du matin au soir, oeuvrait dans les guérets, vint le Dauphin chasser en ces terres lointaines, se perdit et erra tant et si bien qu’affamé il entrevit enfin la chaumière vivante qu’un beau feu réchauffait .

La petite bergère Philomène effarée et ravie fit entrer l’arrivant harassé et pour le restaurer prépara en toute hâte quelque pâte à cuire.
Le Dauphin prit en main deux pelles ouvragées, les chauffa à la flamme et versant un peu de pâte, l’emprisonna entre elles, les présenta quelques minutes à la flamme et les ayant séparées montra à Philomène un fin gâteau ciselé au dessin des pelles.

La petite bergère ravie s’exclama dans sa langue savoureuse, contemplant les croisillons de ce nouveau gâteau si léger  » sembla un pitchou curbel, es un curbelet ».

Le nom plût au Dauphin qui l’adopta. L’expérience fut renouvelée bien des fois, une pile imposante de curbelets rassasia l’Hôte Royal qui s’en retourna restauré.

La jeune Philomène réfléchit bien longtemps pour améliorer la fabrication.
Elle s’en ouvrit à son ami le forgeron qui grava 2 plaques de fonte réunies par une charnière, leur adapta 2 longs manches et le moule des curbelets était né. On parfuma la pâte au citron, à la fleur d’oranger, on ajouta du sucre et la petite bergère garda longtemps le secret de la recette des curbelets.

MAIS UN SECRET MÊME DE ROI, PEUT-IL SE GARDER ÉTERNELLEMENT ?

Corinne Routelous d’Aguts.

Autres informations

Le curbelet est une gaufre roulée, spécialité occitane dont on trouvait la trace jusqu’à Paris sous le nom  » d’oubli « , au temps de Louis XIV.
Il était fabriqué à la veillée chez l’habitant ou vendu sur les marchés, dans des paniers d’osiers.
C’était aussi, dans tout le Sud- Ouest, le lot que l’on attribuait aux gagnants des loteries, dans les villages.

Pour préparer le curbelet, on avait besoin d’une sorte de moule à gaufre en acier ou en fonte.
Objet qui faisait partie de la dot de la mariée, et qui était souvent gravé aux initiales des promis agrémenté d’un sigle ou d’armoiries, selon que la famille était d’origine paysanne ou noble.
Ce moule permettait de cuire rapidement à bonne température un mélange de farine, de sucre, de beurre et de jaune d’œuf.

La Dépêche du Midi

Le 9 mai 2014, ce journal faisait paraître un article sur les crubelets. L’émission « La meilleure boulangerie de France » de M6 a demandé aux candidats de préparer des curbelets pour la finale du Tarn-et-Garonne. C’est la boulangerie Donadieu qui a gagné l’épreuve avec ce biscuit. L’article donne la recette de Thérèse Robert de Montpezat-de-Quercy qui rappelle que cette gourmandise était consommée dans les veillées d’hiver et lors de la Saint Agathe, fête des carillonneurs le 5 février. En occitan, curbelets veut dire gaufres. Voici la recette de Thérèse parue dans le journal.
« Pour une quarantaine de curbelets, 250g de farine, 200g de sucre, 4 œufs, un paquet de sucre vanillé, un demi-verre d’eau de vie et d’eau de fleur d’oranger, un quart de litre de vin blanc, trois quarts de verre d’huile.
Après avoir bien mélangé tous las ingrédients pour obtenir une pâte molle plus proche de la pâte à crêpe que de la pâte à gaufre, avec un gaz bien réglé, il faut compter environ 1h30 pour préparer les 40 curbelets. Mettre un peu de pâte sur la plaque du moule pour éviter les débordements quand on ferme le moule. La gâteau obtenu doit être léger et croustillant. L’astuce: rouler la pâte en forme de curbelets très rapidement sur le moule avec précaution pour ne pas se brûler! »

crubelets crubelets

PS

J’ai longtemps cru que crubelets était une appellation familiale sans compter que crubelets est plus facile à prononcer que curbelets. Et puis je suis tombé sur le bulletin municipal 2007 de la ville de Gimont dans le Gers qui donne la recette des « crubelets » (et non curbelets) plus communément appelés gâteaux au fer:
250 g de farine, 250 g de sucre, 250 g de matière grasse (beurre ou huile), 8 oeufs, 1 verre d’eau de vie (« gnôle »).